Chez Philip K. Dick, c’était Franklin Delano Roosevelt qui mourait assassiné avant l’heure, la Seconde Guerre Mondiale changeant alors d’issue. Ici, le Général De Gaulle décède lors d’un attentat en 1960 : la guerre d’Algérie aura une autre conclusion. Les bonheurs de l’uchronie : explorer les possibles, sonder les méandres de la petite et de la grande Histoire. Johnny meurt jeune, Albert Camus vieux et les Beatles n’existent pas. Le LSD connaît une fortune autrement plus importante, est surnommé « la Gloire ». En émerge la contreculture des « vautriens », sorte de cousins franco-algériens des hippies américains.
Récit polyphonique où des voix anonymes nous racontent les événements entre les sixties et notre époque. Impression de lire les témoignages d’un documentaire. Une plongée au coeur d’une société en mutation, avec ses espoirs et ses désillusions. Un fil rouge : un narrateur qui revient de temps à autre, collectionneur de disques, en quête d’un vinyle ultra rare, dont les possesseurs semblent avoir la fâcheuse tendance à disparaître dans d’étranges circonstances. Le souffle du thriller pour les lier tous. Récit-mosaïque dont la vue d’ensemble ne se dévoile que petit à petit.
Le chef-d’oeuvre de Roland C. Wagner, assurément. Une fois fini, on a trois envies : lire son complément Le Train de la Réalité, partir visiter Alger, réécouter ce bon vieux rock psychédélique des chaumières.
Rêves de Gloire, Roland C. Wagner, Ed. l’Atalante, 700 pages.